ILS ONT CONQUIS LES FESTIVALIERS DE CANNES : Almodovar, Malick et Delon font leur cinéma

Lors de cette 72e édition, Alain Delon s’est réjoui de sa Palme d’honneur, le réalisateur espagnol Pedro Almodovar a livré ses confessions, et le mystérieux cinéaste américain Terrence Malick met en scène les petites gens victimes du nazisme. La Croisette tombe sous leur charme.

Les films se succèdent et les compétitions font rage. Les jurys doivent discuter longuement et pourquoi pas se chamailler. Dans le marché, l’activité a baissé d’un ton, et le nombre de festivaliers a commencé déjà à baisser imperceptiblement. Pendant ce temps, Alain Delon s’est réjoui de sa Palme d’honneur, le réalisateur espagnol Pedro Almodovar a livré ses confessions, et le mystérieux cinéaste américain Terrence Malick met en scène les petites gens victimes du nazisme. La Croisette tombe sous leur charme. L’hommage rendu à Alain Delon a été finalement un fait marquant. Malgré la polémique, très rares sont ceux qui ont la chance d’avoir une place lors de la remise de cette Palme, durant laquelle le mythique Delon a déclaré avec humour : “C’est un peu un hommage posthume, mais de mon vivant.” Concernant les films, Pedro Almodovar qui a été président du jury du festival en 2017, après en avoir été membre en 1992, et six fois en compétition, revient avec Douleur et Gloire qui sonne comme un peu son 8½ de Federico Fellini réalisé en 1963.

Contrairement à ce dernier qui a cherché l’inspiration dans ses fantasmes, le Madrilène a plongé dans ses souvenirs d’enfance avec sa maman et son premier désir pour construire une petite histoire portée par ses magnifiques acteurs fétiches dont Penelope Cruz et Antonio Banderas. Un film touchant, visuellement époustouflant et humainement bouleversant. Certains le présentent déjà comme un potentiel vainqueur de la palme. Mais il nous semble improbable même si le film a soufflé un peu de grâce sur la Croisette. Mais une Palme pour l’ensemble de son œuvre, comme l’a eu Godard, n’est pas à exclure. À l’opposé de l’intimiste film espagnol, le réalisateur américain Terrence Malick livre Une vie cachée inspiré de fait réels de petites gens autrichiens victimes du nazisme.

En effet, Franz Jägerstätter est condamné à mort suite à sa désobéissance. Malgré les humiliations, il a pu rester homme libre jusqu’à son exécution, avec le soutien de sa famille. L’action se passe surtout au sein d’une prison allemande dans un village des montagnes autrichiennes. Les rares images de la guerre sont montrées à travers des archives. Le déchirement et la violence sont ainsi transposés dans ce village idyllique, dont les âmes vivent au rythme du front, et surtout au fort intérieur de Franz par qui les troubles de la vie paisible dans ce décor paradisiaque sont arrivés. Ces décors ont amené le réalisateur qui a grandi dans les grands paysages texans à se donner à cœur joie à exploser son regard artistique. Les plans ressemblent à des tableaux splendides. Après The Tree of Life avec lequel il a eu la Palme d’or, avec Une vie cachée, Terrence Malick a toutes ses chances d’entrer dans le cercle très fermé de ceux qui ont reçu deux palmes.

Tahar Houchi

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