AMIN SIDI-BOUMEDIENE, RÉALISATEUR DE “ABOU LEILA” : “Le vrai sujet du film est la survivance dans un contexte de violence”

Après la sortie de plusieurs courts-métrages à succès à l’instar de Alger, demain et L’île, Amin Sidi-Boumediene signe son premier long-métrage Abou Leila. Retenu dans la section “La semaine de la critique” au 72e Festival de Cannes (15 au 25 mai derniers), le jeune réalisateur a reçu une critique positive et les félicitations du public. Dans cet entretien, il revient sur sa démarche cinématographique pour raconter la décennie noire.

Votre film Abou Leila nous laisse perplexe. Quelles sont vos réelles intentions ?
Amin Sidi-Boumediene : Je voulais laisser une grande ouverture aux interprétations. Le film se veut humain et émotionnel. Il met en scène des êtres fragiles dans un contexte de violence extrême.
Le vrai sujet du film est la survivance dans un contexte de violence. Il parle aussi de l’évolution philosophique de ces deux hommes. Le traitement est avant tout artistique et cinématographique, même si le politique est présent.

Vous avez opté pour le symbolisme, le réalisme et l’onirisme pour vous exprimer…
Le symbolisme et le surréalisme sont là pour faire ressortir les fondements et la naïveté de la violence.
Il n’y a aucune référence à la religion ou une idéologie qui serait source de cela. Il y a une intention d’universaliser la réflexion sur la violence.

Dès la première séquence, vous avez pourtant situé le contexte : Algérie des années 1994. En quoi est-ce important ?
L’universalité ne signifie pas justement s’éloigner de sa réalité. Au contraire.
Il fallait pour moi situer et reconnaître ce contexte sans trop s’y tarder après.
C’est irresponsable de ne pas donner un crédit réel aux propos et au vécu de mes personnages.

Qu’est-ce qui a présidé aux choix du road movie ?
Je voulais absolument m’éloigner de la capitale. Je voulais explorer l’idée de l’expression de la violence en dehors de son contexte. Cela va dans le sens de l’universalisation du propos.

Le film est une plongée dans des âmes tourmentées, un pays troublé et un désert paisible. Une volonté d’exploiter le paysement qu’offre ce vaste espace ?
L’idée n’est pas de magnifier le désert, mais d’aller dans un endroit où rien ne se passe. Une occasion par contre de parler des préoccupations des gens qui y vivent, et ce, en filigrane. En même temps, cela va dans le sens de montrer que la violence est surtout au Nord et que le désert a été très peu touché par ce déchaînement.

Dans ce long-métrage nous retrouvons  quelques références cinématographiques : un soupçon de Tarantino et un zeste de Hamina, notamment avec l’idée de l’anti-héros de Hassan Terro…
Peut-être un peu de ressemblance avec Hassan Terro.
Mais je n’ai aucunement pensé à Tarantino. Après, on voit des films et on lit des livres qui nous marquent et qui peuvent ressortir dans notre travail sans que cela soit conscient. En tous les cas, je ne le revendique pas.

Tahar houchi

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