Fin de malédiction pour Don Quichotte

71E FESTIVAL DE CANNES

Légion sont ceux qui se demandent si la confirmation de la projection de L’homme qui tua Don Quichotte du réalisateur américain Terry Gilliam sonne réellement le glas de la malédiction qui frappe ce film, et ce, depuis la genèse du projet. Il faut l’espérer. Le dernier événement maléfique qui a frappé ce film est l’AVC dont le réalisateur a été victime juste avant le festival de Cannes où il est sélectionné. Depuis, il a déclaré sur les réseaux sociaux qu’il se porte mieux et prépare son arrivée sur la Croisette pour la projection de son film L’homme qui tua Don Quichotte, en clôture du festival. En effet, la justice française a débouté le producteur portugais Paulo Branco en faveur du cinéaste en autorisant ce dernier à projeter son film au festival. Sitôt la nouvelle tombée, sitôt le festival, qui a pris la défense du réalisateur, a réagi par voie de communiqué pour exprimer sa satisfaction. De son côté, le réalisateur a exprimé ses remerciements à ses soutiens et sa satisfaction à travers les réseaux sociaux. Ce déferlement de joie se comprend quand on connaît les 20 années de déboires et de vicissitudes qu’a connues le film. Tout a commencé en 2000 quand le projet d’adaptation du roman de Miguel de Cervantès a capoté pour de nombreuses raisons. Néanmoins, grâce à la persévérance de l’ex-Monty Python âgé de 77 ans, après plusieurs mésaventures maléfiques, le film a été achevé en 2017. Depuis le début, Terry Gilliam voulait faire ce film avec des fonds européens. Mais après plusieurs péripéties, le tournage prévu pour septembre 1999 est reporté à 2000, faute de budget. Les sons nuisibles des avions militaires, la santé de Jean Rochefort, les pluies diluviennes etc. ont conduit le réalisateur à arrêter le tournage. De cette mésaventure, il en reste Lost in La Mancha, un documentaire monté à partir des rushes de tournages de Keith Fulton et Louis Pepe, initialement chargés du making of. En 2008, Terry Gilliam récupère les droits de son scénario avant d’affirmer en 2010, durant le Festival de Cannes, l’acquisition d’un budget de 20 millions de dollars qu’il perd quelques semaines après. Fin 2011, il annonce un nouveau producteur et le début du tournage au printemps 2012, avant de l’annuler par manque d’argent. En 2015, la nouvelle mouture du projet échoue à cause non seulement du budget, mais aussi du diagnostic d’un cancer du pancréas de John Hurt qui devait jouer le rôle de Don Quichotte. En 2016, le producteur portugais Paulo Branco reprend le projet et le tournage allait commencer en octobre. Suite aux divergences artistiques et financières inconciliables, Gilliam s’associe avec d’autres producteurs et commence à tourner en mars 2017. Deux mois plus tard, le tribunal de grande instance de Paris proclame la validité du contrat unissant Gilliam et Branco. Le 4 juin, le tournage se termine aux îles Canaries. Après deux jugements à Paris et à Londres donnant raison à Paulo Branco, l’affaire est portée devant la Cour d’appel de Paris, qui a donné raison au réalisateur le 9 mai 2018.
Avec cette décision de justice, le Centre national du cinéma lui accorde un visa d’exploitation “tout public” le jeudi 10 mai 2018. Il sera sur tous les écrans français le samedi 19 mai 2018, en même temps que sa projection au Festival de Cannes. La productrice de Lost in La Mancha réalise un nouveau making of avec un titre provisoire Found in La Mancha. Ainsi l’ex-Monty Piton, âgé de 77 ans et versé dans les prières et la méditation, peut, peut-être, espérer que le sort soit définitivement déjoué. Wait and see !

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