Mon père a demandé à être enterré auprès de sa mère

Jugurtha Aït Ahmed à Liberté

Dans cet entretien express, le fils de Hocine Aït Ahmed revient sur la cérémonie de recueillement, qui s’est déroulée en toute simplicité, en présence de gens simples et sincères qui ont aimé son père de son vivant.  

Liberté : Le décès de votre père était un moment très émotionnel, très chargé. Comment vous avez pu gérer la pression, à la fois des militants, de la population, des amis, de la famille et des préparatifs de l’enterrement ?
Jugurtha Aït Ahmed :
 durant la cérémonie, je me suis beaucoup retenu  pour ne pas pleurer. Mais je n’ai pas pu retenir mes larmes. Pourquoi ? Parce que j’ai pu voir à quel point il était aimé. Il était aimé des gens les plus simples. Je parle des Suisses, parce qu’il a vécu souvent ici. Et ça m’a fait plaisir de voir les gens que l’on croisait, tous les jours au coin de la rue, qui venaient l’embrasser de façon tout à fait simple.
Et de la même façon, j’étais heureux de voir que les autorités suisses sont venues le saluer de façon très simple, comme l’ont toujours été les Suisses. Ils sont simples et sincères. Et la présence de l’ambassadeur qui était envoyée par le ministère suisse des Affaires étrangères, madame Murielle Berset, a été un signe, pour moi, extraordinaire. Il y avait d’autres ambassadeurs, il y avait des militants politiques du parti des Verts suisse, du Parti socialiste suisse, du milieu associatif.
Enfin, il y avait un panel dans cette cérémonie, qui montrait à quel point il était rassembleur et fédérateur. Du point de vue humain, parce que je crois que c’est ça qui est ressorti de façon extrêmement forte, lors de cette cérémonie, c’est que l’homme, au-delà de ses idées politiques, a séduit tous les gens qu’il a côtoyés.

La cérémonie était très sobre. Un constat : il y avait absence de l’hymne national qu’on a l’habitude d’entendre quand il s’agit de funérailles de moudjahidine. Pourquoi ?
On n’est pas dans l’officialité là. L’officialité  viendra après. Là, on est dans le ressenti, dans l’émotion, dans le respect de ce qu’il était lui, un homme simple. C’était un homme simple. Il n’a pas besoin de fatras, il n’a pas besoin de lumière pour exister. Et ça, ce sont des symboles. Les symboles sont importants, mais ils ont aussi des limites. Et nous, je pense qu’on a été dans le sens de ce qu’il aurait souhaité. Cette simplicité donne plus de valeur à la qualité de la cérémonie, je crois.

Et comment se présentent les préparatifs des funérailles en Algérie ?
Je ne maîtrise pas du tout l’organisation. Ce que je peux vous dire, c’est ce que vous avez lu sans doute aussi. C’est qu’il va arriver en avion de ligne d’Air Algérie. Il part d’ici à 14 heures et il arrive aux environs de 17 heures à Alger. Son corps sera transporté au siège national de son parti le Front des forces socialistes, où se dérouleront les cérémonies. Je ne connais pas la teneur, mais il passera la nuit là pour la cérémonie funèbre et le lendemain matin, on ira en Kabylie. Pour l’enterrement, il sera enterré dans son village.

Et c’est son testament, son vœu ?
C’est son vœu !

Parce qu’il y avait le doute qui a plané dans les médias, les réseaux sociaux où on disait qu’il allait être enterré au carré des martyrs à El-Alia à Alger, au Maroc…
Il se dit beaucoup de choses. Mais la réalité est simple. C’est qu’il a demandé à être enterré auprès de sa maman, de ses parents. C’est comme un retour aux sources, au fond. Et puis, on a exaucé ses vœux, tout simplement.

C’est un peu trop tôt pour poser cette question, dans le prolongement de cette pensée. Vous pensez à créer une fondation ?
Oui, il y a quelque chose de quasiment prêt, mais on vous tiendra au courant.

Entretien réalisé par : Tahar Houchi

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