Nous avons l’ambition de promouvoir le cinéma iranien en particulier

Arash Amini, de l’organisation iranienne des affaires de cinéma et de l’audiovisuel, à Liberté.

Affable, souriant et élégant, Arash Amini, directeur des affaires extérieures de l’Organisation iranienne des affaires de cinéma et de l’audiovisuel est toujours debout. Il circule inlassablement dans le marché du film du 31e Fajr Film Festival. Il répond inlassablement à toutes les sollicitations des festivaliers. Dans cet entretien, il répond à toutes les questions, même les plus gênantes que les invités étrangers évitent soigneusement. Entretien.

Liberté : Pour le 31e Fajir Film Festival, vous avez mis en œuvre de gros moyens pour assurer le succès. Quels sont vos objectifs qui valent cet investissement ?

Arash Amini : Nous avons l’ambition, comme tout festival, de promouvoir le cinéma en général et le cinéma iranien en particulier. Outre cela, nous voulons corriger la fausse image de notre pays qui circule dans les médias. Aussi, c’est une opportunité à mettre à profit pour monter des coproductions.

Avez-vous atteint vos objectifs ?

Nous sommes pleinement satisfaits de cette édition à laquelle ont participé plus de 200 professionnels étrangers. Concernant les retombées, je peux vous confirmer la signature de quelques contrats de coproduction, notamment avec une compagnie chinoise. Nous allons réaliser ensemble un film d’arts martiaux. Nous tenons ici une toute nouvelle expérience dans le genre pour le cinéma iranien. Nous avons aussi lancé deux projets de films avec les turcs. Le premier s’agit de l’adaptation à l’écran de la vie d’un personnage historique turc, et le deuxième est un biotope sur un poète iranien. Au sujet de la diffusion du film iranien, nous allons faire un programme spécial au Festival de Bagdad. D’autres projets sont en cours d’étude.

Les négociations américano-iraniennes sur le nucléaire sont en cours. Un accord se profile. Quel serait l’impact sur l’industrie cinématographique iranienne ?

Il serait faux de penser que tous les problèmes économiques et sociaux de l’Iran vont se régler avec la signature d’un accord sur le nucléaire. Nous avons identifié les problèmes et nous essayons d’apporter des solutions. Le pays compte quelque 70 millions d’habitants et notre parc cinématographique se limite à 300 salles de projection dont certaines sont inopérationnelles. Dans un premier temps, nous avons lancé une opération de numérisation de plusieurs salles. Cela a un coût important. Le résultat est très sensible. Avant cette opération, nous comptabilisons 32 millions d’entrées par an, et aujourd’hui, nous arrivons à 52 millions. Les sorties se font en même temps dans toutes les villes du pays, même dans les plus reculées. Vous voyez cela n’a rien à voir avec le nucléaire.
Vous ne pouvez pas nier le fait que la levée de l’embargo va avoir un impact direct sur l’industrie cinématographique qui souffre en même temps que les autres secteurs. Vous aurez accès notamment au marché américain et européen.
Oui. C’est pour cela que nous avons commencé à travailler dans ce sens. L’existence du marché du film dans le festival va dans ce sens. Nous avons aussi invité plusieurs professionnels afin de montrer les potentialités de notre pays en matière de production cinématographique. Notre opération de convaincre va se poursuivre aussi au marché du film à Cannes.

Certains cinéastes iraniens sont toujours frappés d’interdit. Je pense à Jafar Panahi dont le dernier film Taxi Téhéran, tourné sans autorisation, est en sortie en France. Il y a aussi Ghobadi et Rassoulof

Je ne connais pas bien les détails des situations des deux derniers. En revanche, concernant Jafar Panahi, je peux vous affirmer que son cas est très simple. Il habite à Téhéran librement. Il fait des films et ils sont montrés dans des festivals internationaux qui lui décernent des prix. Je vous laisse juge de la situation. Je pense que nous avons affaire à des procédures judiciaires d’ordre symbolique. On dit que Panahi n’a pas le droit de faire des films, mais il en fait sans être inquiété.

Mais il n’a pas le droit de quitter le pays…

C’est vrai. Mais je pense que s’il veut le faire, il peut régler sa situation très facilement.

Madjid Madjidi vient de finir un film sur le Prophète Mohammed. Comment le film a-t-il été reçu ?

Le film n’est pas encore officiellement projeté. Il a eu 4 projections durant le Festival national. Il a eu une bonne presse et un bon accueil public. Nous allons aider M. Madjidi, en fonction de sa volonté, de le diffuser aussi à l’étranger. Je peux vous dire qu’il a déjà trouvé un distributeur international qui n’est pas iranien.

J’ai ouï-dire que le Prophète a été filmé physiquement. Pouvez-vous me confirmer cela ?

Je n’ai pas vu le film. Mais la question a été posée à M. Madjid par les journalistes. Sa réponse est non.

 

T.H.

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