Il faut essayer de séduire

Entretien avec le président du Festival du film amazigh (Algérie) Si El-Hachemi Assad.

Si El-Hachemi Assad, directeur de la promotion culturelle au Haut Commissariat à l’Amazighité (Algérie) et président du Festival du film amazigh, est présent au Festival du court métrage de Clermont-Ferrand avec trois films d’expression berbère.

Comment êtes-vous arrivé à Clermont-Ferrand ?

Si El-Hachemi Assad : Ce sont les organisateurs du festival qui ont pris attache avec nous pour participer à cette rencontre. Nous avons été invités, avec quatre de mes compatriotes travaillant dans le domaine de l’audiovisuel. Nous avons voulu marquer l événement en présentant trois films d expression amazigh.

Quelles sont vos premières impressions ?

Je suis frappé par l’intérêt que cette production filmique suscite au sein des festivaliers. Les réalisateurs sont absents. Pourquoi ? Parce qu il n’y a pas eu d’invitation de la part du festival en faveur de ces jeunes qui ne sont pas connus. Je deviens, par la force des choses, leur ambassadeur. J’essaie d assurer le relais et de les introduire par le bais de la projection de leurs films. J’essaie, toujours dans ce sens, de sensibiliser et de convaincre, notamment les organisateurs de festivals, présents ici, de réserver dans leurs futures éditions un espace aux films amazighs.

Le programme est maigre et le nombre de projections est frustrant. Est-ce un choix ?

Nous avons fait une petite sélection composée de trois films pour donner un aperçu sur la problématique berbère en Algérie. Nous ne pouvons pas faire plus, car nous sommes contraints par le manque de disponibilité des organisateurs. J’ai soufflé l’idée de reprendre les projections, mais cela n’est pas évident. Cependant, en complément à ces projections, je donnerai une conférence sur le film amazigh avec la présence de professionnels, journalistes, marchands, producteurs qui manifestent un intérêt certain. Notre but est surtout de signer une présence et de saisir cette occasion pour ouvrir les portes aux jeunes réalisateurs en soulignant cette dynamique cinématographique qui existe en Algérie. Croyez-vous vraiment que les professionnels sont intéressés par les films amazighs ? Je le crois. En tout cas, il faut essayer de séduire. Nous avons cette expérience quand nous avons lancé le festival de film amazigh en 1999. Au début, les gens rigolaient, mais, présentement, nous sommes en train de préparer la 4e édition qui sera d envergure internationale.

S’agissant de ce festival, pourquoi change-t-il de lieu chaque année ?

Nous l’avons voulu itinérant pour sensibiliser les autres régions sur la question identitaire. Cela passe aussi par l’écran. Nous pensons que la ghettoïsation de cette question n’est pas fertile. De cette manière, nous pensons impliquer toutes les régions. Ainsi la prochaine édition qui aura lieu à Annaba sera internationale.

Quel est la thématique dominante dans les films d’expression amazigh ?

L’histoire est récurrente. Il y a une méconnaissance de l’histoire et une soif de la connaître.

Quel genre d’aide offrez-vous aux jeunes réalisateurs ?

En les faisant connaître, en les introduisant dans les circuits, en les aidant à trouver des financements, en leur offrant un espace d’expression… Nous sommes là pour aider et soutenir tous les jeunes qui travaillent dans l’audiovisuel. Tamazight à l’écran est toujours notre slogan. Nous pensons que l’image est très importante dans la prise de conscience et la réhabilitation de l’identité berbère. La seule chose que nous exigeons est le résultat.

T. H.

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