PROJECTION DE “YOMEDDINE” AU FESTIVAL DE CANNES

L’une des grandes surprises de Cannes cette année est incontestablement la sélection du film égyptien Yomeddine, d’Abu Baker Shawky en compétition officielle. Après la projection, il a littéralement plongé la Croisette dans l’émoi. Le synopsis du film intrigue et titille l’esprit. Un lépreux et un orphelin nubien, sur une charrette tirée par un âne, traversant l’Égypte. Cela promet un road-movie aussi bien touchant que fascinant. Certains peuvent aussi objecter et en douter, mais le résultat est touchant et bouleversant. Le film a semé l’émoi sur la Croisette.
Cela est d’autant plus vrai quand on sait que la genèse et la construction du projet sont aussi chaotiques. Il a fallu 10 ans pour finaliser le projet, entre l’écriture et la réalisation. D’ailleurs, le réalisateur a qualifié son arrivée à Cannes de “miracle”. N’ayant pas une histoire sexy et devant l’absence de stars, Dina Emam, productrice du film, explique qu’il a fallu compter sur les amis proches et le crowdfunding pour financer le film. L’absence de stars dans le film a été une chance pour le réalisateur qui a misé sur l’authenticité, la spontanéité et la sincérité de ses deux comédiens analphabètes et non professionnels qui ont porté le film comme l’âne a porté la charrette tout le long de ce prétendant à la Palme cannoise. Rady Gamal, l’acteur principal, et le jeune Ahmed Abdelhafiz n’ont jamais possédé de passeport. Cette remarquable prestation dans le film était une occasion d’en faire un et de quitter l’Égypte. Lors de leur voyage à travers le pays des Pharaons, ils auraient dû passer par Cannes. Malheureusement, un problème de visa les en a privés. Il est peut-être sage de leur épargner l’ivresse des marches et du tapage médiatique éphémère du festival. Pour les voyages, après cette sélection, ils en auront certainement de nombreuses occasions.
En attendant, depuis le coin reculé du Caire, ils doivent admirer le ciel étoilé, sans jamais imaginer un instant le bouleversement qu’ils ont provoqué sur la Croisette.

T. H.