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LE CROISEMENT DE CULTURES ENGENDRE LA RICHESSE ET LA PROSPÉRITÉ.

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Deux ans après la chute du régime Moubarak

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Administrateur
15 juin 2013
Deux ans après la chute du régime Moubarak

Egypte : jeunes et intellectuels contre la confiscation de la révolution.

L‘Égypte se cherche… Deux ans années après la révolution, une année après l’élection présidentielle, la situation sociale, politique et économique s’est dégradée à un point inattendu. La culture est plus que jamais menacée. Les jeunes et les intellectuels font front commun, résistent et organisent une fronde. Le cinéma reste le moyen de prédilection. C’est dans ce contexte que s’est tenue, du 4 au 9 juin, la 16e édition du Festival international du film documentaire et court d’Ismaïlia.

Pour sortir de cette crise, les actions sont légion. Tandis que les jeunes, rassemblés autour du mouvement Tamerod (rebelles), appellent à des rassemblements, le 30 juin prochain, partout dans le pays, pour chasser le président islamiste Mohammed Morsi, les intellectuels occupent le ministère de la Culture pour réclamer la démission du ministre de la Culture Alaa Abdel-Aziz. Alors que le premier se comporte en dictateur, le second vient de supprimer un atelier de danse contemporaine et des ballets, et de renvoyer la directrice de l’Opéra du Caire. Les Egyptiens suivent à la minute près les derniers rebondissements de ce bras de fer et attendent le 30 juin avec espoir mélangé à un lot de craintes. ça sera le jour de tous les dangers.

En effet, la riposte des islamistes risque d’envenimer la situation. D’ailleurs, ils n’ont pas attendu le jour J pour réagir. Une contre-campagne a été déjà lancée sous le nom de Tagarod (impartialité), visant à récolter des signatures en faveur du chef de l’Etat. La contre-offensive contient aussi des plaintes contre quatre des fondateurs de Tamarod pour “incitation au renversement du régime” et “insulte envers président”’. Ceci étant dit, les Egyptiens ont raison de craindre le pire le dernier dimanche du mois de juin. En cas d’affrontement, le sang risque de couler.

Un ras-le-bol généralisé

Aéroport du Caire. Les mesures de sécurité sont visibles. Le malaise est palpable. Dès le premier contact avec les Egyptiens, on sent le ras-le-bol de la politique du gouvernement. Il est 20 heures. Les routes cairotes sont bondées. La circulation est très lente. Les klaxons donnent un air de fête à la ville. Mohamed, notre chauffeur de taxi, peu joyeux, profite de nos questions pour exprimer son mécontentement. “On n’en a marre de cette politique catastrophique”, résume-t-il sa diatribe. Et il s’empresse d’ajouter : “Rien n’est réglé. Nous sommes trahis et nous devons agir, et vite.”

En effet, sur la fameuse et grouillante place Tahrir, on retrouve le même sentiment, avec plus d’enthousiasme et d’engagement. Nous sommes accostés par la jeune Nabila qui nous tend un formulaire, sur lequel on lit “Tamarodd… Rebel”, et nous explique : “Nous voulons faire partir Morsi et on va le faire en récoltant 15 millions de signatures ; un chiffre qui dépasse les 13,5 millions de voix qui lui ont permis de devenir président.” Sur le formulaire, on synthétise les 7 raisons motivant la demande de destitution du président décrié, dont la dégradation sécuritaire, économique et le comportement absolutiste du successeur de Moubarak.

Vraisemblablement, la situation est intenable. Les Egyptiens sont touchés dans leur fierté. Certains comme Ouarda, regrettent les temps de Moubarak qu’ils trouvent “délicieux”. “Nous n’avons pas habitude de quémander des crédits aux petits pays du Golfe et de brader notre séculaire héritage culturel”, affirme cette dernière. Notre guide, Ahmed Faik, journaliste dans le journal d’opposition El Fajr, réplique illico presto : “Tu dis des sottises. Nous sommes en train de vivre les conséquences de la politique de Moubarak.”

A la place Tahrir, on parle justement de conséquences amères. Les coupures d’électricité, les coupures d’eau, les pannes d’essence… rythment le quotidien des Egyptiens dont la colère ne cesse de grandir contre Morsi tenu pour l’unique responsable de tous les maux du pays. Mais l’élection présidentielle est prévue dans trois ans, et le pays fonctionne avec un Mjliss El-Choura (Conseil de consultation) illégal. En attendant, les islamistes prêchent dans les mosquées tous les vendredis tout en s’organisant en milices, et les progressistes multiplient les actions de résistance, notamment à travers le théâtre et le cinéma.

Justement, plus loin, devant le ministère de la Culture, dans le quartier chic de Zamalek, des intellectuels ne décolèrent pas. Depuis quelques jours, ces derniers occupent les locaux du ministère de la Culture pour demander la démission du nouveau ministre islamiste. “C’est un islamiste et un ennemi de la culture”, nous dit vigoureusement Azzedine qui campe devant la tribune de fortune, placée en face du portail. Son amie Hola ajoute : “Nous sommes ici tous les jours… Nous attendons des manifestations dans tous le pays, le 30 juin”. Le mouvement Tamerod mené par des jeunes, discrètement soutenu par quelques politiques, compte faire partir Morsi à l’occasion du premier anniversaire de son élection. A l’intérieur du bâtiment, dans la salle de la planification, on retrouve des intellectuels de tous bords dont des journalistes, directeurs de festivals, réalisateurs et écrivains. “L’art, surtout le cinéma, devient un moyen de lutte et de résistance. Les professionnels du cinéma égyptien ont en pris conscience”, résume le critique de film Salah Hashem.

Le Festival d’ismaïlia, espace de liberté et de résistance contre la tyrannie

A 160 km de là, la population d’Ismaïlia, ville située aux portes du Sinaï, entre Port-Saïd et Suez, malgré les problèmes, affiche calme et sérénité mélangée à une franche colère contre la politique du président. La ville est décorée avec les affiches du festival et les artères principales sont placées sous surveillance policière par intermittence. Le soir, sur les terrasses, on fume la chicha et sirote des jus de mangue dont est célèbre la région. Le Palais de la culture, beau bâtiment qui témoigne du faste pharaonique de l’ère désormais ancienne, accueille des invités de plusieurs pays et s’apprête à vivre l’ouverture du 16e Festival d’Ismaïlia. Le ministre de la Culture et le gouverneur de la région y sont prévus. Coup de théâtre, juste avant l’ouverture, un groupe de cinéastes et critiques, s’invite d’une manière tonitruante et demande à prendre la parole. Kamel Abdelaziz, président du festival, obtempère et joue au démocrate. Les invités surprise dénoncent le “ministre ignorant” et réclament son départ  devant le public et les caméras.

Il s’en est suivi 5 jours de projections, de rencontres, de forums. Plusieurs invités de plus de 10 pays y ont accompagné la projection de plus de 80 films. Les jeunes présents ont apprécié les efforts de la nouvelle équipe qui a semé espoir dans leur cœur, et espèrent, après la clôture teintée d’optimiste, des conséquences positives sur leur métier de documentaliste, très marginalisé dans les pays d’Orient.

“La tenue de ce festival, justement menacée, est salutaire pour la profession et pour le combat démocratique”, soutient le jeune producteur Moaez. En effet, contrairement aux autres festivals égyptiens, celui d’Ismaïlia est un repaire de jeunes producteurs et réalisateurs, qui n’ont pas beaucoup d’argent, mais beaucoup d’idées. Indéniablement, pour eux, le cinéma devient un moyen de résister aux bureaucrates et à l’idéologie islamiste rampante.

D’ailleurs les propos de Moh Hefzy, directeur du festival, vont dans ce sens : “Cela a été difficile et laborieux de monter ce festival avec notre jeune et dynamique équipe. C’était un défi à relever car, incontestablement, cette manifestation est un espace de liberté et de résistance contre la tyrannie.” De son côté, l’éminent cinéaste cairote Daoud Sayed, souligne l’importance de ce festival dans la lutte contre les Frères musulmans dont la fin est pour bientôt, selon lui. “L’exercice du pouvoir a révélé leur vrai visage”, relève-t-il. Et d’ajouter : “Les Egyptiens sont scandalisés de constater que les islamistes développent une vision supranationale, plutôt que nationale.”

La tenue de la manifestation a eu lieu dans des conditions difficiles. Parfois, les projections ont été ponctuées par des coupures d’électricité très fréquentes dans le pays. D’ailleurs, l’électricité n’est pas l’unique problème auquel sont confrontés les citoyens. L’eau et la sécurité sont aussi de sérieux problèmes. Tandis que le pays gronde, le Conseil consultatif discute de la menace qui provient du Soudan et de l’Ethiopie au sujet des eaux du Nil, et les médias suivent la respiration du pays qui retient son souffle.

Le 30 juin, entre espoir et fantôme du scénario algérien

En même temps, au Caire, la contestation et l’occupation du ministère de la Culture, dont le locataire a déserté les lieux, continuent. Le soir venu, la verve contestataire monte d’un cran : les jeunes de Tamrod arrêtent des voitures pour leur faire signer la pétition, dans les locaux on discute, et sur la tribune, musiciens, poètes et tribuns se succèdent.

Ce soir, une personne de marque s’invite, il s’agit de Hamdine Sebahi, héritier du nassérisme, qui est arrivé en 3e position avec plus de 20% des suffrages lors de la dernière présidentielle. Avec un air triomphal, il monte, prend le micro, galvanise la foule et  promet la victoire et la libération du pays du fléau islamiste.

Autour d’un café, les journalistes Siham, Meroua, Ahmed et Salah partagent leur optimiste et leur inquiétude quand à l’issue incertaine des rassemblements du 30 juin. On veut croire à la force du peuple qui a plié Moubarak, mais l’on craint en même temps le scénario algérien. Les islamistes se sont déjà organisés en milices.

5 heures du matin, le Caire dort et ses routes sont vides. Une légère brise souffle. Abdelkader, chauffeur de taxi qui nous conduit à l’aéroport, a le même sentiment que nos amis de la veille : “Le 30 juin, c’est tout le monde, et partout. Le sang va surement couler. Celui qui doit mourir, mourra ; celui qui doit vivre, vivra. On n’a rien à perdre, on est déjà mort”. Des propos qui rappellent un slogan des jeunes manifestants du printemps noir en Kabylie :  »Vous ne pouvez pas nous tuer, car nous sommes déjà morts ». Depuis l’avion, on arrive à percevoir un Caire qui se réveille et qui s’agite. Jusqu’au 30 juin, les Egyptiens rêveront de cortèges de vivants salutaires. Tant que la folie murmure, l’Egypte continuera à nager dans les eaux noires et à se chercher…

T. H.

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Tahar HOUCHI

Tahar HOUCHI est journaliste, reporter et cinéaste. Il écrit régulièrement sur divers sujets : société, culture, cinéma, musique et relations internationales.

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