La capitale de l’Auvergne.
La capitale de l’Auvergne, Clermont-Ferrand, accueille — depuis 25 ans déjà — le Festival international du court métrage, depuis hier et jusqu’au 6 février 2003 au rythme effréné de projections cinématographiques.
Durant une semaine, un nombre avoisinant les 300 films, en provenance de plus de 50 pays, sera présenté au grand bonheur des festivaliers. Dans cette manifestation, le cinéma algérien et particulièrement le film amazigh, seront à l’honneur.
Pour la cuvée 2003, les responsables de la programmation ont élaboré un nombre pléthorique, et ce, aussi bien du point de vue géographique que cinématographique. Par ailleurs, l’ossature de cette manifestation reste les trois compétitions : internationale, nationale et numérique. Si les deux premières sont bien établies, depuis 15 ans pour la première et depuis 25 ans pour la deuxième, le cinéma numérique n’en est qu’à sa deuxième édition. Ce sont le succès de la première édition, la fertilité des créateurs ainsi que l’originalité du contenu qui ont encouragé les organisateurs à la pousser encore plus loin. Sur 1 500 films (fiction, animation, expérimental et documentaire), 50 sont sélectionnés pour la course au trophée.
En plus de ses sections de compétition et de découverte, le Festival a mis le paquet sur les rétrospectives pour retenir l’attention des festivaliers. Les plus importantes sont l’Allemagne, Venise et l’Algérie. Tandis que la première s’attache à montrer les aspects des tendances cinématographiques durant les années 1950 et 1960, notamment en ex-RDA, et faire ressortir les mérites d’un “système décentralisé qui permet à de nombreux organismes de s’épanouir au niveau des L?nder”, la deuxième poursuit le but de montrer la cité des Doges qui a alimenté l’imaginaire des cinéastes et des cinéphiles sous toutes ses formes : ville de cinéma et de fantasmes par excellence, carrefour culturel, lieu d’échanges et pont entre l’Orient et l’Occident. S’agissant de la dernière, “Djazaïr, une Année de l’Algérie en France” oblige ! le cinéma algérien a eu droit à une place de choix.
Aucune manifestation hexagonale, cinématographique ou autre, n’oserait se détourner de cette manne financière et du public potentiel qu’elle est susceptible de drainer. C’est donc, dans la logique des choses que le festival de Clermont-Ferrand programme, dans le cadre et avec le soutien de Djazaïr, une Année de l’Algérie en France, une trentaine de films algériens “pour rendre hommage à ce pays, à son peuple, à tous ceux qui se battent pour réaliser des films, qui plus est des courts métrages, sans aucun moyen technique ni soutien financier”. Pour rendre attrayante et compétitive cette rétrospective, les responsables de la programmation ont essayé de privilégier un certain regard sur ce pays en naviguant entre l’Algérie coloniale et l’Algérie indépendante.
Cette sélection est une sorte d’hommage à tous les cinéastes, algériens et français, qui ont œuvré au bien de ce pays. Parmi les films retenus, on cite entre autres, Rêve de Sisyphe, Algérie, la réconciliation ? (2001) de Faouzia Fekiri, Réfugiés algériens (1958) et Sakiet Sidi Sidi Youssef (1958) de Pierre Clément, Algérie en flammes (1958) de René Vautier et L’ autre Algérie : échos du stade (1998) d’Abdelkader Ensaâd. En outre, le festival nous réserve une grande surprise en consacrant carrément une section au film amazigh. Trois films sont au programme: D awal kan, 2002 (ce n’est que de la parole), Massenssen Agelid n’ imazighen, 2002 (Massinissa, le roi des Amazighs) et Attejar n’ wedffel, 2001 (vendeur de neige), respectivement, de Ali Berkenou, Abdellah Touahmia et Achour Kessaï. Aussi petite que soit cette liste, cette initiative originale et pionnière ne manquerait pas d’ouvrir un espace au cinéma amazigh dans les festivals internationaux et d’encourager les réalisateurs à donner libre cours à leur imagination. Il est vrai que certains films tels Machaho de Belkacem Hadjadj et La Colline oubliée de Bouguermouh ont été montrés dans plusieurs festivals, mais c’est la première fois qu’un festival international consacre entièrement une section au film amazigh depuis l’initiative du festival de Douarnenez, en 1994, qui a abouti à la création du Congrès mondial amazigh (CMA), une ONG ayant pour but la promotion de la culture et des droits des peuples amazighs, avant de que certains de ces membres déclenchent une guerre de légitimité qui n’est pas prête de finir.
A noter que ce programme consacré à notre pays sera couronné par une rencontre avec les réalisatrices Faouzia Fekiri et Marie Colonna, à propos de leurs films Le rêve de Sisyphe, Algérie, la réconciliation ? et Harki : un traître mot, et une table ronde, avec différents intervenants sur l’état des lieux du cinéma en Algérie et du court métrage en particulier.
T. H.
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